Édition originale posthume illustrée de deux grandes cartes dépliantes aquarellées, de 35 planches (dont 7 dépliantes), de 10 gravures à mi-page et de 5 bandeaux gravés par Schenk. Pages de titre bilingues en rouge et noir, texte sur deux colonnes en français et en italien.
Reliure de l'époque en plein basane brune marbrée, dos orné à cinq nerfs présentant une pièce de titre (en italien) crème, filet à froid en encadrement des plats.
Mors supérieur très frotté présentant de petits manques, quelques petits manques en tête du premier plat.
Originaire de Bologne, l'un des grands berceaux européens de l'étude de la science, Luigi Ferdinando Marsigli (1658-1730), reçoit une éducation savante et montre très tôt un goût prononcé pour les sciences naturelles.
Attiré par la Turquie depuis son plus jeune âge et se destinant à la carrière militaire, à l'âge de vingt-et-un ans il accompagne Ciurani, représentant de Venise auprès de la Grande Porte, à Constantinople. Au cours de son voyage, il espionne les forces militaires des Ottomans tout en approfondissant ses connaissances en histoire naturelle. À cette époque, l'empire autrichien était régulièrement victime des assauts turcs. Fort de ses talents de stratège, il offre ses services à l'empereur Léopold Ier d'Habsbourg et est désigné, à partir de 1682, comme commandant d'une compagnie d'infanterie et est chargé de tracer les frontières entre la République de Venise, l'Empire ottoman et le Saint-Empire romain germanique. Au bout de quelques mois, il est fait prisonnier par les Turcs et réduit à l'esclavage durant près d'un an, avant d'être libéré contre une rançon.
Son ouvrage est un vaste travail traitant non seulement de stratégie militaire, mais aussi du commerce et de l'état des finances ottomanes. La riche iconographie accompagnant le texte montre les différents types d'armes (armes à feu, sabres, mines...) et les formations militaires de ce peuple, ainsi que ses moyens de locomotion et ses costumes.
L'ouvrage témoigne de la double ambition scientifique et militaire du Comte de Marsigli qui profita de ses lointains voyages pour rapporter avec lui des spécimens et des antiquités destinés à enrichir les collections de l'Institut des Sciences et des Arts, au palazzo Poggi de Bologne.