Quelques perforations de classeur, trace du cachet de réception. Quelques pliures transversales inhérentes à la mise sous pli de la missive.
Jack London adresse cette missive à son éditeur afin d'envoyer une copie du Fils du Loup (Son of the Wolf) à Juliette M. Babbitt, une journaliste et écrivain de Washington. Cette femme d'un avocat de l'Iowa elle était alors vice-présidente de l'American Pen Women league et correspondante pour le Washington Post, le Ladies Home Journal et le Boston Globe entre autres.
Le début du XXe siècle correspond à un moment décisif de la carrière littéraire de Jack London avec la parution très remarquée de sa nouvelle l'Odyssée du Grand Nord dans l'Atlantic. Moins de deux ans après sa dernière virée dans le Yukon, qui l'a grandement affaibli et laissé sans le sou, London accède enfin à la célébrité et la reconnaissance nationale avec ces premières nouvelles tirées de ses voyages et sa rencontre avec les trappeurs du Klondike. Publiées par une grande maison d'édition de la côte est, les nouvelles qui composent Le Fils du Loup s'accompagnent d'une campagne de promotion organisée par Houghton Mifflin & Co. qui lui demanda d'écrire une notice biographique : c'est le début du mythe Jack London. Ayant reçu les honneurs des sociétés littéraires et politiques californiennes, c'est assez naturellement qu'il adresse cet exemplaire à un membre proéminent de l'association des écrivaines américaines, créée trois ans plus tôt.
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