Pliure inhérente à la mise sous pli.
Pour Jacques Chardonne le capitalisme repose non sur l'argent mais sur les hommes : "L'argent, ce n'est rien ; il ne donne rien, ne sauve rien, c'est le baromètre, et voilà tout. Tout repose sur les hommes... [...] c'est très net dans l'édition. Le Mercure est un bon exemple (Charpentier de même ; tous les éditeurs de "littérature", d'ailleurs.") ... Est-ce qu'il existe des réserves d'éditeurs, quand ils manquent dans une maison ? (Charpentier était un "éditeur" ; les Fasquelle ce n'était rien) ; de même Arthème Fayard était un éditeur ; ses successeurs rien."... "On peut déverser des capitaux (ce que l'on fait aujourd'hui) dans une maison sans "éditeur" er sans auteurs ; c'est faire pipi sur le sable".
Jacques Chardonne s'en prend également à un prix de consolation qui lui déplaît en raison de sa connotation politique (l'exploitation du malheur) : "Je pensais que le "prix de consolation", c'était une figure : je ne me doutais pas qu'elle était vraiment pauvre... [...] ce qui ne me plaît guère, dans ce prix c'est l'arrière fond politique ; l'exploitation du malheur. Cela a assez duré."
Il critique séchement aussi certaines personnes comme Pierre Dumayet : "Vous n'imaginez pas les moeurs de Dumayet. Si une gentille petite dame chante à la télé, assez souvent, c'est qu'elle a accepté d'en voir ! J'en connais une qui s'est enfuie (je l'avais recommandée à Dumayet) tout de suite." ou Roger Nimier : "Je lis l'article de Boisdeffre sur "cinq ans avant". Il a raison. On y sent le vide de Roger Nimier ; sur lequel il n'avait pas d'illusion... Il n'a écrit qu'un bon livre, un des tous premiers : "Un grand d'Espagne". Tous cela n'est que plus tragique."
L'auteur des Destinées sentimentales achève sa lettre par cette péremptoire impression : "Peut-être que le meilleur livre de cette époque si creuse (sauf les journalistes) c'est "Histoire d'O" (n'en parlez pas à l'Académie).
Belle lettre autographe de Jacques Chardonne, au crépuscule de sa vie, toute empreinte d'acerbes condamnations pour la société et les hommes.
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