« Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. »
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La devise de Boileau, qui semble un sacerdoce au profane, est souvent le coupable péché de l’artiste qui n’aime rien tant que cette longue et solitaire traversée de la langue.
Dans son inachèvement, l’écriture ouvre un espace infini de possibles que vient clore brutalement une double impression : la première, technique, de l’éditeur, suivie de celle, critique, du lecteur.
Offrir aux regards critiques l’intimité de son imaginaire, se soumettre au jugement de l’autre, à son désir et sa sévérité, telle est la véritable audace de l’écrivain.
L’édition originale, modeste ou céleste, tirée sous le manteau ou triée sur le volet, témoigne de ce dévoilement initial et porte à travers le temps cet instant premier des grandes œuvres de notre littérature.
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