Traces de pliures transversales inhérentes à la mise sous pli.
Il s'agit de l'une des dernières lettres adressées par Guillaume à Lou. Alors au front il lui écrit : « On ne parle pas de rétablir les permissions, aussi la mienne reste-t-elle douteuse. Il est certain qu'il faut que toutes les forces soient présentes et je comprends fort bien que les permissions pour le moment... ceinture. »
Le 2 août 1914, l'État français donna l'ordre de mobilisation générale. Immédiatement Guillaume Apollinaire souhaita s'engager au sein des forces armées. Faute de nationalité française, le conseil de révision ajourna sa demande. Apollinaire, en proie au plus grand désarroi, accepta l'invitation de son ami Siegler-Pascal et l'accompagna à Nice. « Un jour de fin septembre [...] Apollinaire déjeunait en agréable compagnie dans la meilleure auberge de Nice, chez Boutteau. [...] Une Parisienne les avait rejoints, une petite personne piquante, volubile et rieuse, à la chevelure acajou, passée au henné, coupée court aux yeux effrontés et battus. » (Laurence Campa, Guillaume Apollinaire, Gallimard, 2013) Kostro fut immédiatement subjugué par la prestance de Louise de Coligny et lui envoya, dès le lendemain de leur rencontre, une déclaration enflammée : « Vingt-quatre heures se sont à peine écoulées depuis cet évènement que déjà l'amour m'abaisse et m'exalte tour à tour si bas et si haut que je me demande si j'ai vraiment aimé jusqu'ici. » (Lettres à Lou, 28 septembre 1914) Débutera alors l'une des plus importantes correspondances de la littérature du XXème siècle. Malgré les vicissitudes de la guerre, les deux amants parvinrent à se retrouver à l'occasion des permissions de Guillaume. Pourtant, au lendemain de l'un de ces rendez-vous, le 2 janvier 1915, le jeune soldat fit la connaissance dans un train de Madeleine Pagès qu'il demanda en mariage en août 1915. Ce nouveau coup de foudre ne mit pourtant pas fin à ses échanges épistolaires avec Lou, qui prirent un ton bien plus amical mais néanmoins toujours séducteur : « J'ai reçu avec un grand plaisir ta lettre de St Nicolas je ne sais plus quoi (Meurthe et Moselle). (Avec la photo de la Cueillette de pommes.) Tu y es charmante et celui qui grimpe à l'échelle que tu tiens si gentiment est un homme heureux. Pour ma part, je le félicite. »
Belle lettre du poète soldat à sa muse.
Lettre autographe signée de Guillaume Apollinaire à « [son] p'tit Lou ami » [Louise de Coligny-Châtillon], deux pages rédigées à l'encre brune sur un feuillet de papier pelure.