Editions originales de ces deux volumes des contes d'Edgar Poe rarement présentés dans une reliure uniforme.
Reliures en demi chagrin rouge d'époque. Dos à nerfs orné de 4 petits fers, fleurons pour Histoires extraordinaires, étoiles pour Nouvelles histoires extraordinaires. Pièces de titre de chagrin rouge. Plats de papier à la cuve marbré noir, marbré marron sur les contreplats. Hormis des brunissures sur la tables des matières des Nouvelles histoires extraordinaires, ensemble bien frais, exempt de rousseurs.
Les Histoires extraordinaires de Poe traduit par Baudelaire, avec sa préface, Sa vie, son oeuvre, sont le premier maillon dans la conquête par Baudelaire de son double littéraire en prose, destiné à asseoir définitivement le nom de Charles Baudelaire aux côtés de Poe.
Les Nouvelles histoires extraordinaires sont publiées quelques mois avant le premier recueil de poèmes de Baudelaire : les Fleurs du mal. Si l'on sait ce que doit E.A Poe à Baudelaire, dont la superbe traduction dépasse l'œuvre originale, on omet souvent la dette littéraire du français envers son modèle américain. Car, plus qu'un exercice de traduction, Baudelaire a trouvé dans la lecture des histoires extraordinaires, l'âme même de ses poèmes encore tout justes ébauchés.
Après le succès de sa première traduction des Histoires Extraordinaires en 1856, Baudelaire ajoute à ses Nouvelles histoires extraordinaires, une préface unique qui, bien au-delà d'une simple présentation du « génie sombre et étrange » d'Edgar Allan Poe, se révèle une véritable profession de foi artistique de cet humble traducteur qui s'apprête à devenir un des plus grands poètes de la littérature mondiale.
« Du sein d'un monde goulu, affamé de matérialités, Poe s'est élancé dans les rêves. Étouffé qu'il était par l'atmosphère américaine, il a écrit en tête d'Eureka : « J'offre ce livre à ceux qui ont mis leur foi dans les rêves comme dans les seules réalités ! » [...]
Aristocrate de nature plus encore que de naissance, le Virginien, l'homme du Sud, le Byron égaré dans un mauvais monde, a toujours gardé son impassibilité philosophique, et, soit qu'il définisse le nez de la populace, soit qu'il raille les fabricateurs de religions, soit qu'il bafoue les bibliothèques, il reste ce que fut et ce que sera toujours le vrai poète, — une vérité habillée d'une manière bizarre, un paradoxe apparent, qui ne veut pas être coudoyé par la foule, et qui court à l'extrême orient quand le feu d'artifice se tire au couchant. »
Henry de la Madelène, écrivain et ami de Baudelaire ne s'y trompe pas, lorsqu'il enjoint ses contemporains à la découverte du poète au travers de ses traductions de Poe : « Lisez-les avec attention, et vous aurez du même coup le secret de l'âme de Baudelaire et le secret de ses œuvres »
Beaux et rares exemplaires établis dans une sobre et une élégante reliure uniforme du temps.