Manuscrit autographe complet en partie inédit de la chanson "Faut rigoler (mambo des Gaulois)" de Boris Vian qui fut mise en musique par Henri Salvador. Une première version est rédigée au stylo à bille sur trois petits feuillets perforés (13,5x21cm) et comporte de très nombreuses ratures et corrections ainsi que d'importants ajouts. Une seconde version, plus proche du texte final que nous connaissons, a été rédigée au stylo à bille sur trois feuillets perforés d'un format supérieur (21,5x27cm). Enfin, nous joignons deux versions tapuscrites sur trois feuilles de papier pelure datées du 27/03/58, dont deux sont encollées sur carton.
Très bel ensemble de cette chanson qui compte parmi les plus célèbres de Boris Vian.Le célèbre vers « Avant qu'le ciel nous tomb' sur la tête » apparaît dans une formulation moins édulcorée dans la version précoce que nous proposons, le ciel tombant « sur la gueule » des Gaulois. La version rédigée sur les plus petits feuillets montre également quelques idées finalement abandonnées. Les Gaulois ne connaissaient que « cette chanson-là » et non « ce refrain-là », ils ne se « dégonflaient pas » et les « Gauloises » étaient évoquées puis barrées. Jules César était tout à fait absent de la toute première variante et le vers le concernant (« Mais tant pis pour Jules dirent les Gaulois ») était le suivant : « Mais tant pis pour eux dirent les Gaulois ».
La chanson fut écrite et composée en mars 1958 avant de sortir en single en juin 1960. « La France entière chante ce titre, les disques de « Faut rigoler » se vendent par milliers chaque mois. Et c'est à ce moment-là qu'interviennent deux jeunes dessinateurs, issus des hebdomadaires
Tintin et
Spirou : René Goscinny et Albert Uderzo. En écoutant sur Radio Luxembourg « Faut rigoler » et ses célèbres couplets consacrés à « nos ancêtres les Gaulois... », nos deux amis ont l'idée d'inventer et de créer pour le journal
Pilote les personnages d'Astérix et Obélix. Henri Salvador était très fier de l'influence de sa chanson, qui donna naissance aux deux personnages de bande dessinée préférés des Français qui triomphent depuis près de cinquante ans dans plus de quarante-huit pays. » (
Le Petit Lecoeuvre illustré : Dictionnaire. Histoire des chansons de A à Z, 2012)
Philippe Boggio, dans la biographie de Boris Vian, rapporte une anecdote d'Henri Salvador concernant la genèse de cet humoristique tube : « On écrivait sans trop penser, comme ça, sous la plume, moi au piano, en lui racontant des blagues. C'était un jeu, cette rapidité de réflexe. Cela devait lui être indispensable. Aller vite. Un jour, je lui racontais que mon professeur, aux Antilles, quand j'étais gosse, nous parlait de « nos ancêtres les Gaulois », et que c'était marrant. Boris m'a interrompu : c'était parti. Dans une demi-heure une chanson. » (
Boris Vian, 1993) Cette rapidité se perçoit aisément à travers l'ensemble de feuillets manuscrits que nous proposons ; l'écriture y est vive et les ratures nombreuses, nous permettant d'apprécier la créativité en ébullition des deux inséparables.
« Pour Boris, Salvaduche est devenu plus qu'un intime. Son poumon artificiel, sa force de vie. [...] Il chante pour lui mais aussi à la place de Boris, prêtant son souffle à l'ami empêché. Ensemble, ils composent sans arrêt, plus de chansons qu'il ne pourra en chanter, qu'ils ne pourraient en placer. » (
ibid)
Nos ancêtres les Gaulois
Cheveux blonds et têtes de bois
Longues moustaches et gros dadas
Ne connaissaient que ce refrain-là
Provenance : Fondation Boris Vian.