"De tout cela je me fous éperdument et ne compte pour me sauver que sur la poésie."

Lettre autographe signée d'une page de Guy-René Cadou adressée à un ami poète (35 lignes à l'encre noire écrite depuis sa propriété de La Praudière) dans laquelle il évoque sa poésie, sa vie quotidienne, sa prochaine mobilisation.
Pliures centrales inhérentes à la mise sous pli, petites déchirures en marge supérieure de la missive. En angle supérieur gauche de la lettre, une date a été inscrite au crayon de papier (4 avril 1940), probablement celle de la réception de la missive.
Guy-René Cadou me montre modeste à l'égard de sa production poétique : "Je suis heureux que mes vers vous plaisent mais assurément vous avez tort. Je vous envoie mon Retour de Flamme qui ne vaut que par la rareté du papier." et critique vis-à-vis de l'Education nationale : "... mes parents et mes grands-parents étaient eux aussi dans l'enseignement et mon père - après ma mère - vient de mourir, sans avoir touché un centime de sa retraite après 37 années de service. Belle administration - Les vaches ! "
Il se sait bientôt mobilisé et, pendant ce temps, vit son quotidien sans entrain car il n'espère qu'en la poésie : "J'assure de 20h à 4h du matin le service de sous-chef de la cabine de chargement du bureau des PTT de Nantes-gare... De tout cela je me fous éperdument et ne compte pour me sauver que sur la poésie."