Joseph Nicolas PANCRACE ROYER
Zaide, reine de Grenade, ballet heroique
Chez l'auteur, à Paris 1739, in-folio (27x38cm), (4) 114pp. (1), relié.
Édition originale, très rare, de la partition complète de cet opéra, avec parties de chants et instruments. Pour l’ouverture, six entrées avec trompettes, violons, haute-contre, taille, bassons, basses et timbales (la taille et le haute-contre sont des violons dont la taille est différente et dont le son est plus ou moins grave, la taille par exemple se rapprocherait de l’alto...). Partition en un prologue et trois actes. Livret de l’abbé de La Marre. L’ensemble est gravé : les pages de musique, le titre et l’épître, ainsi que le privilège. Texte du chant, de l’épître et du privilège en italiques.
Reliure de l’époque en pleine basane brune mouchetée. Dos à nerfs orné. Pièce de titre en maroquin rouge. Frottements. Un coin émoussé. Bon exemplaire.
Zaïde est le second des trois opéras de Royer (
Pyrrhus en 1730 et
Le Pouvoir de l’amour en 1743), bien qu’il ait laissé d’autres œuvres musicales à caractère opératique. Il remporta un franc succès et fut rejoué pendant plusieurs décennies après la mort du compositeur. Contemporain de Rameau, Royer semble nettement pencher vers Lully et ne pas suivre les avancées musicales de son illustre concurrent. Royer accumula les charges officielles : chef d’orchestre de l’opéra, de 1730 à 1734, puis musicien du roi et maître de musique des enfants de France, enfin il fut directeur du fameux
Concert spirituel, charge qu’il partagea avec Mondonville. Royer est unaniment reconnu aujourd’hui pour ses compositions de clavecin, où la surprise, l’outrance baroque, les multiples effets, mais aussi l’infinie délicatesse, n’ont de cesse de stupéfier l’auditeur. Sa musique d’opéra n’est ni jouée, ni enregistrée actuellement. S’il est exact qu’elle n’est pas aussi moderne que celle de Rameau, et qu’elle ne brille pas par son originalité (à l’inverse de la composition de clavecin), on ne saurait dénier la parfaite qualité de son écriture et le caractère très agréable de cette musique qui correspondait au goût français d’alors. On ne saurait porter crédit aux nombreux jugements négatifs de musicologues du XIX
ème et du XX
ème sur sa musique, son clavecin, longtemps dénigré, ayant été totalement réhabilité. Il en fut de même pour son contemporain Mondonville dont l’opéra
Titus et l’aurore est aujourd’hui considéré comme un chef-d’œuvre alors qu’il fut taxé de médiocrité par nombre de critiques du passé. L’éclat de Rameau, la lumière qu’il jeta sur la musique a malheureusement éclipsé de multiples compositeurs qui ont été redécouverts il y a cinquante ans, comme Forqueray entre autres. Les opéras de Pancrace Royer attendent seulement leur heure, et on a assisté ces dernières années à plusieurs tentatives visant à faire redécouvrir cette musique, notamment la représentation à Versailles de Pyrrhus en 2012 en première mondiale.