René DESCARTES
Discours de la méthode pour bien conduire sa raison, et chercher la vérité dans les sciences. Plus la Dioptrique et les météores, qui sont les essais de cette méthode
Chez Théodore Girard, à Paris 1668, in-4 (15,5x22cm), (1f. titre) (1f. priv.) 413pp. (15 f. tab.), relié.
Véritable troisième édition, avec l'achevé d'imprimer en date du 28 avril 1668, partagée entre Michel Bobin, Théodore Girard et Nicolas Le Gras. Une autre édition est parue en 1668 chez Charles Angot avec un achevé d'imprimer au 8 mai 1668 (Guibert, p. 19). Elle est illustrée de 7 gravures hors-texte et de 115 in-texte.
Guibert (
Bibliographie des œuvres de Descartes publiées au XVIIème siècle) mentionne l'édition à l'adresse de Girard après celle qu'il déclare comme étant la troisième, celle chez Charles Angot ; mais les achevés d'imprimer infirment cette proposition.
Reliure de l'époque en pleine basane brune, dos à cinq nerfs richement orné de fleurons dorés (soleil et étoiles en queue), pièce de titre de maroquin rouge, roulette dorée sur les coupes, toutes tranches mouchetées rouges. Reliure habilement restaurée. Une infime déchirure angulaire sur la page de privilège, une pâle mouillure en tête de la page de titre et un petit accroc sans manque sur une des gardes de la fin du volume, sinon exemplaire d'une grande fraîcheur.
Descartes avait une première fois repoussé l'édition de son
Traité du monde et de la lumière en 1632 car il y défendait la thèse de l'héliocentrisme, alors que Galilée venait d'être condamné. Au moment où il s'apprête à éditer ses derniers travaux scientifiques que sont la
Dioptrique, les
Météores et la
Géométrie, Descartes décide d'écrire alors une œuvre de circonstance destinée à servir de préface à ses thèses scientifiques, œuvre qui sera sa première œuvre philosophique :
Le Discours de la méthode. L'auteur a bien compris qu'il est nécessaire de préparer l'opinion aux nouvelles thèses scientifiques avec prudence, c'est pourquoi il ne donne pas une méthode dogmatique et une théorie pour « bien conduire sa raison », mais il choisit de conter sa propre expérience en commentant son aventure intellectuelle, le
Discours de la méthode devenant ainsi un manifeste de la raison s'étayant sur un présupposé fondamental, l'exercice du doute en toutes choses. C'est par ce doute que Descartes érige les fondations de la science nouvelle. On sait à quel brillant avenir sera promu le
Discours de la méthode, en incarnant au-delà des principes scientifiques et philosophiques universels l'essence même d'un certain esprit français.