Manuscrit ottoman du Dala'il al-Khayrat complet, rédigé sur papier parchemin à l'encre noire et rouge dans des encadrements (5,2x9,3cm) noirs rehaussés à l'or, certains comprenant des cartouches floraux en couleurs rehaussés à l'or, texte entièrement en arabe naskh sur treize lignes et ponctué de rosettes dorées et polychromes délimitant les versets.
Deux très beaux titres enluminés ainsi que deux superbes miniatures peintes et rehaussées à l'or représentant des vues panoramiques de la Mecque et de Médine. A l'encre rouge et noire dans des damiers rehaussés à l'or sur cinq pages en début de volume, puis sur neuf pages, les quatre-vingt-dix-neuf noms de Dieu et une collection de plus de cent noms de Mahomet.
Reliure de l'époque en pleine basane grenat à rabat, dos lisse orné d'un filet doré gras, plats richement ornés d'un triple encadrement doré, cartouche central doré orné de losanges et pointillés dorés, filets et points dorés, contreplats de papier vert d'eau. Reliure habilement restaurée.
Superbe exemplaire réalisé au XIXème siècle, apogée de la calligraphie turque.
Le soufi marrakchi Mohammed Ben Slimane al-Jazouli (ca. 1404-1465) est célèbre pour avoir compilé le Dala'il al-Khayrat, un livre d'oraison extrêmement populaire dont la rédaction lui aurait été ordonnée après une révélation : « Selon cette anecdote, notre personnage essaie de tirer de l'eau d'un puits pour accomplir ses ablutions rituelles. Une mystérieuse fillette (sabiyya) apparaît alors et crache dans le puits, [le] faisant ainsi déborder d'eau. Al-Jazuli lui demande aussitôt comment elle a pu atteindre un degré spirituel aussi élevé, ce sur quoi elle répond que cela est dû au grand nombre de prières sur le Prophète qu'elle a l'habitude de réciter. Le saint jure alors de rédiger un bréviaire de prières sur le Prophète qui deviendra le Dala'il al-Khayrat. » (Ruggero Vimercati Sanseverino, Fès et sainteté, de la fondation à l'avènement du Protectorat)
Rédigé au Maroc, le texte deviendra rapidement populaire à travers le monde islamique et circulera d'orient en occident. Ce recueil de prières (salawat), le premier livre majeur de l'histoire islamique, est devenu l'un des textes religieux les plus copiés de l'islam sunnite après le Coran.
Cet exemplaire, comme l'indique une notice bibliographique laissée par son propriétaire, a été acquis à Constantinople le 10 avril 1927.
Provenance : tampon de la bibliothèque du Sheykh Evliyazade Ismail Hakki, célèbre cheikh nakshbandi originaire de Kütahya, poète, mort en 1865.
Nous remercions Madame Nathalie Clayer, chercheuse au Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBAC), d'avoir aimablement apporté son aide à l'établissement de cette notice.