La première parisienne de l'opéra wagnérien Sigurd d'Ernest Reyer eut lieu le 12 juin 1885 à l'Opéra de Paris. Degas, subjugué par la prestation de la chanteuse Rose Caron vit la pièce à trente-sept reprises : « J'aime toujours Sigurd et je l'aime aussi de plus en plus. Je n'ai vu Reyer qu'une fois et dans la rue. Et je n'ai pas oublié de lui parler de l'admiration qu'il avait provoquée beaucoup plus immédiatement sur moi que sur une personne qui, pour être ni bonne, ni blanchisseuse, méritait quelque considération. » Degas rendit hommage à la beauté de Rose Caron dans Sigurd en réalisant deux dessins sur éventails, aujourd'hui en mains privées aux États-Unis.
Véritablement obsédé par cette « œuvre admirable qui [lui] fait tant de bien, qu['il] ne [peut] plus [s']en passer », le peintre réclame à son célèbre voisin de lui en interpréter la partition au piano : « Le jeune [Jacques-Emile] Blanche notre voisin me la joue tous les jours, à défaut de votre femme. »
La lettre s'achève sur une description lyrique du Mont Saint Michel, dont Degas fit plusieurs dessins : « Avez-vous jamais vu le Mont Saint Michel ? Pourrions-nous un jour y aller passer quelques jours ensemble ? Que c'est beau, que c'est attachant. En un mois j'y suis allé deux fois. Les grandes marées de la fin de septembre vont m'y ramener une troisième. »
La passion de Degas pour l'opéra est retracée dans une exposition, en l'honneur du 350è anniversaire de l'Opéra de Paris, se déroulant du 24 septembre 2019 au 19 janvier 2020 au musée d'Orsay.